Élevage et changements climatiques : le projet CaSSECS tient sa 2ème réunion annuelle à Bobo-Dioulasso
Le lundi 14 mars 2022, s’est ouvert dans la salle de réunion du Centre Muraz de Bobo-Dioulasso, de la réunion annuelle du projet CaSSECS. Placée sous la présidence du Directeur de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), la rencontre qui devra durer 4 jour, du 14 au 17 mars, regroupe une centaine d’acteurs du projet.
Avec pour objectif global de faire le point de l’état de mise en œuvre du projet à la date du 31 Décembre 2021, il s’agira spécifiquement de faire le point de la mise en œuvre des activités, tâches et manips prévus dans le projet. Plus concrètement, il s’agit pour les participants, aux dire du Dr Hamidou Traoré, Directeur de l’INERA, d’apprécier d’une part, le progrès réalisé par les différentes équipes et d’autres part, faire des recommandations et suggestions pour l’atteinte des objectifs du projet. Les travaux se dérouleront sous forme de tables-rondes en salle, avec des visites terrains sur les installations du projet.
« C’est un projet transversal qui peut aider les producteurs à aller dans la résilience face aux effets du changement climatique, qui est reconnu au niveau mondial », a laissé entendre le Dr Hamidou Traoré, avant d’ajouter que le changement climatique impacte les agriculteurs et éleveurs des pays sahéliens, d’où l’importance de ce projet CaSSECS. En effet, dans sa composante de coordination, dissémination, communication et suivi-évaluation, le projet CaSSECS prévoit l’organisation de trois réunions annuelles dans les trois pays où sont principalement localisées ses activités. En février 2021 déjà, le Sénégal avait accueilli la première réunion. L’organisation de cette deuxième incombe donc au Burkina Faso. Elle se tient sous la direction de l’INERA en collaboration avec le Centre International de Recherches-Développement sur l’Élevage en zone Subhumide (CIRDES), avec l’appui de la Coordination du projet basé au Sénégal et fait partie du processus de planification annuelle des activités du projet qui vise à améliorer le processus de séquestration du carbone.

Quelle résilience entre l’élevage et le bilan carbone et gaz à effet de serre ?
On le sait, les changements climatiques qui engendrent de nombreux effets néfastes sont devenus un phénomène que le commun du mortel n’arrive plus à maîtriser. Parallèlement, les populations pastorales dans le monde sont sans cesse croissantes. Selon le coordonnateur du projet CaSSECS, le Dr El Hadji Traoré, les ruminants sont considérés à tort ou à raison comme étant de grands pollueurs. Certaines sources estiment que les impacts de l’élevage sur l’environnement ne sont pas négligeables : érosion, mesure du recouvrement de la végétation, production de gaz à effet de serre, désertification, recouvrement du sol par la végétation, etc. Toujours est-il qu’il y a nécessité de faire le bilan carbone des systèmes d’élevage (agro)pastoraux. Cela passe nécessairement par l’élaboration de politiques d’élevage adaptées au Sahel afin de pouvoir mieux quantifier leurs impacts sur le changement climatique et pouvoir s’adapter. « Nous n’avons pas les moyens pour arrêter le changement climatique, mais nous avons les moyens et les connaissances pour nous adapter, être résilients et présents même si les choses changent », a souligné le coordonnateur.

Comment se passe l’évaluation du bilan carbone ?
Plus concrètement, des expérimentations sont disponibles sur les stations de la Direction Régionale de Recherches Environnementales et Agricoles de l’Ouest, Farako-Bâ et au CIRDES. Selon le Dr Nouhoun Zampaligré de l’INERA, point focal du projet CaSSECS au Burkina Faso, un dispositif de mesure de manière direct, des émissions de gaz à effet de serre, notamment le méthane et le gaz carbonique sur les ruminants de race locale sont disponibles. C’est une première en Afrique et cela grâce à l’appui du projet CaSSECS ainsi que d’autres partenaires, toujours aux dires du point focal. Un dispositif dont l’importance n’est plus à démontrer. En effet, il permettra d’avoir à quelques détails près, la quantité de gaz émise en fonction des ressources alimentaires des animaux. « Et sur la base de ces données, nous allons développer des stratégies pour diminuer les émissions dans le système d’élevage », a dit le Dr Nouhoun Zampaligré.
Il faut le souligner, dans le deuxième volet, les essais se feront en milieu paysan. Il s’agira d’aller vers les producteurs/éleveurs, afin de se frotter avec leurs pratiques paysannes afin de les comprendre avant de leur proposer des pratiques beaucoup plus enclins à diminuer les effets de changement climatique sur les productions et d’améliorer leurs systèmes de production.

Un consortium de plusieurs partenaires pour la mise en œuvre !
Le projet Séquestration de carbone et émissions de gaz à effet de serre dans les écosystèmes (agro) sylvopastoraux des états Sahéliens du CILSS (CaSSECS) est Financé par l’Union Européenne dans le cadre de l’initiative DeSIRA pour quatre ans (2020-2023). C’est un projet de recherche-action en partenariat qui vise à améliorer l’évaluation du bilan carbone des écosystèmes agrosylvopastoraux sahéliens afin de mieux quantifier leurs impacts sur le changement climatique.
Pour sa mise en œuvre, un consortium constitué de dix -huit partenaires est sollicité. Il s’agit du demandeur principal qui est l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), neuf codemandeurs que sont le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), le Centre de Suivi Écologique (CSE), l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), le Centre Régional AGRHYMET, le Centre International de Recherche-Développement sur l’Élevage en zone Subhumide (CIRDES), l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l’Université de Copenhague (UCPH), l’Université catholique de Louvain (UCL) et huit associés que sont respectivement la Direction de l’Élevage du Ministère de l’Élevage et des Productions Animales du Sénégal, l’Association pour la Promotion de l’Élevage au Sahel et en Savane (APESS), l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Réseau de Communication sur le Pastoralisme Antenne de l’Ouest (RECOPA-Ouest), l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et le Département de géographie physique et de science des écosystèmes de l’Université de Lund. Le projet a un budget global de 5 millions d’euro pour une durée de 4 ans, de 2020 à 2023.
Flavienne Valérie SAWADOGO