Agro-alimentaire au Burkina Faso : En avant pour une meilleure valorisation de la PDCO et du Manioc

Les acteurs des filières Patate Douce à Chair Orange (PDCO) et Manioc étaient en atelier le mardi 23 avril 2024, au sein de la Direction Régionale de l’Ouest de l’Institut de Recherches en Sciences de la Santé (IRSS), Ex. École Jeamot. Organisé par les chercheurs de la Direction Régionale de l’Institut de Recherches en Sciences Appliquées et Technologies (IRSAT), cette rencontre était présidée par le Dr Fabèkourè Cedric Kambiré, Directeur Régional de cet institut.

Lancer officiellement deux projets importants sur la valorisation et la diversification de la PDCO et du manioc, c’était l’objectif visé par les organisateurs de l’atelier tenu le mardi 23 avril dernier, à Bobo-Dioulasso. Il a regroupé une trentaine de participants composée pour la plupart, des acteurs intervenant dans les chaines de valeur de la PDCO et du manioc tels que les producteurs, les transformateurs (trices), les boulangers, les meuniers, les chercheurs, etc.

Le premier projet à l’honneur pour cet atelier, « Développement d’une technologie de production de farine panifiable et de pain à base de manioc et de patate douce à chaire orange (PDCO) au Burkina Faso » a pour but de développer une technologie de production de pain basée principalement sur l’utilisation de la PDCO et du Manioc en fonction des variétés. Il s’agira pour l’équipe du projet, de développer une technologie optimisée de production de la farine panifiable et de pain à base de manioc et de PDCO et de diffuser les techniques de production de ces deux produits auprès des meuniers et des boulangers, selon les propos de la coordonnatrice, le Dr Coulibaly/Diakité Mariam. « Pour la mise en œuvre de ce projet étalé sur 18 mois, plusieurs activités sont prévues », dira la coordonnatrice. En effet, pour un meilleur résultat, il sera question pour l’équipe durant les 12 premiers mois, de réaliser des essais de formulation de farines panifiables et de pains, de faire des analyses sensorielles ainsi que des caractérisations nutritionnelles. Une évaluation de la rentabilité économique de ces technologies sera également réalisée afin d’orienter les éventuels investisseurs. A l’issue de cela suivra la formation des acteurs pour plus d’adoptions sera réalisée au cours des 6 derniers mois. Pour sa mise en œuvre, l’IRSAT/DRO sait compter sur l’accompagnement des partenaires que sont les acteurs mais aussi du partenaire clé du projet qui est l’entreprise de transformation des racines et tubercules AGRONOURS INOV.

Pour le deuxième projet, intitulé « Fabrication de nouilles avec des variétés de patate douce à chair orange (PDCO) et de manioc cultivé au Burkina Faso », il a pour but de contribuer à développer des produits transformés à base de PDCO et de manioc, au-delà de ce qui est déjà fait, afin de pouvoir absorber les quantités produites. « Pour cela, il sera question pour mon équipe et moi, de travailler à produire des nouilles de qualité pouvant répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels des burkinabè », dira Dr Zongo Pingdwendé Assana, coordonnatrice du projet. En effet, tout au long de la mise en œuvre, il sera question entre autres d’identifier les producteurs ayant des variétés adaptées, sélectionner ces variétés, réaliser des formulations de nouilles avec ces variétés et faire des tests de dégustation afin de retenir les meilleures formulations. Une autre activité prévue et non des moindres, c’est la formation des acteurs sur la production de ces nouilles. Techniquement, le projet « Fabrication de nouilles avec des variétés de patate douce et de manioc cultivées au Burkina Faso », s’étalera sur 18 mois dont 12 mois pour la phase de mise au point et 6 mois pour la vulgarisation qui concernera entre autres, la formation des unités de transformation, l’encadrement de stagiaires, les publications scientifiques, la participation aux évènements culturels, etc. Sa mise en œuvre, nécessitera l’accompagnement des acteurs intervenant dans la chaine de valeur PDCO et Manioc mais aussi de partenaires, en l’occurrence, des transformatrices agroalimentaires (Wilikataama de Orodara et DAKUPA de Bobo-Dioulasso), une coopérative de producteurs de manioc (SCOOP-PMS).

Les filières manioc et PDCO au Burkina Faso…

La sécurité alimentaire, selon la définition donnée lors du Sommet Mondial de l’Alimentation en 1996, c’est lorsque tous les humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Le rapport du Programme Alimentaire Mondial de 2017 stipule que la sécurité alimentaire repose en premier lieu sur la production céréalière qui, bien qu’elle occupe 78% des terres cultivables, avec un accroissement de 1,39 % par an, n’arrive pas à satisfaire les besoins alimentaires des populations. Certaines spéculations comme le manioc et la patate douce à chair orange peuvent combler ce manque.

En effet, la patate douce à chair orange (PDCO) a un rendement à l’hectare inestimable et peut s’adapter aisément aux changements climatiques. C’est pourquoi, elle pourrait être une solution pour l’atteinte de la sécurité alimentaire. En plus de son rendement, ce tubercule possède des vertus nutritionnelles. Il est riche en béta-carotène que le corps humain convertit en vitamine A, en fer, en zinc etc. La PDCO qui peut être transformée en plusieurs sous-produits peut valablement se substituer au blé qui se trouve être une denrée rare en ce moment, compte tenue de la crise internationale.

Quant au manioc, sa production est estimée en 2017, à plus de 22 000 tonnes au Burkina Faso. Sa production est simple, peu coûteuse et nécessite moins d’intrants agricoles. C’est une réserve alimentaire fiable pour les populations à revenus faibles. Le manioc regorge de richesses nutritionnelles. En effet, ce tubercule est riche en vitamine A, B, C, E, en potassium, en sodium, en phosphore, en manganèse, en fer et en zinc. Il est conseillé pour toutes les tranches d’âge et favoriserait la fertilité pour l’homme comme pour la femme, selon certaines sources. Parallèlement, le manioc est très bénéfique pour les yeux, le cerveau, le système sanguin et la peau.  Il a certes une faible teneur en protéines, mais il est une grande source de glucides, donc il fournit de l’énergie. Le manioc est très bon pour les personnes qui dépensent beaucoup d’énergie.

Intérêt de la mise en œuvre des deux projets…

Les filières manioc et PDCO présentent des avantages certains dans l’amélioration de l’offre alimentaire. Il est donc indispensable de pouvoir les utiliser à bonne escient. Cela nécessite d’avoir un regard nouveau sur leur transformation. Les projets « Développement d’une technologie de production de farine panifiable et de pain à base de manioc et de patate douce à chaire orange (PDCO) au Burkina Faso » et « Fabrication de nouilles avec des variétés de patate douce et de manioc cultivées au Burkina Faso » apparaissent donc comme une alternative salutaire. Pour le Directeur Régional de l’IRSAT, le Dr Fabèkourè Cédric Kambiré, ces projets sont une solution pour réduire notre dépendance vis-à-vis du blé. « Ils visent à valoriser les produits locaux, les promouvoir, et permettre à chaque burkinabè d’avoir un plat de qualité », a soutenu le Dr Kambiré.

Certes, beaucoup d’efforts de transformation sont fait dans les filières manioc et patate douce à chaire orange au Burkina Faso. Mais beaucoup de choses restent encore à faire pour aboutir à des produits transformés de bonne qualité, dans le but de pouvoir absorber les quantités produites. C’est pourquoi, le Fonds National de la Recherche et de l’Innovation pour le Développement (FONRID) dont le cheval de bataille est d’offrir un cadre sécurisé de financement des activités de la recherche et de l’innovation afin de leur donner des armes nécessaires pour occuper une place prépondérante dans la politique de développement du gouvernement, a décidé d’accompagner ces deux projets. « Dans la politique générale du FONRID il s’agit de financer des projets de recherche et des projets d’innovation », dira M. Karim Nikiema, représentant de ce partenaire financier. Prévu chacun pour durer 18 mois, ces projets ont bénéficié d’un financement FONRID de 20.000.000 de Francs CFA chacun pour leur mise en œuvre avec le soutien du Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI).

Sié Palenfo

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