Ravageurs de la papaye : Des agents d’Agriculture à l’école de la gestion intégrée de la cochenille farineuse

Ouverture ce mercredi 11 mai 2022, à Sapouy, d’un atelier de formation au profit des agents des Directions Régionales en charge de l’Agriculture, sur la gestion intégrée de la cochenille farineuse du papayer (Paracoccus marginatus). Prévue pour durer deux jours, la session est placée sous la présidence du Directeur Provincial de l’Agriculture du Ziro, Mr Hamadou Lingani, avec la présence effective du représentant de la Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement, Mr Lucien Savadogo et du Chef de programme Cultures Maraîchères de l’INERA, le Dr Karim Nébié.

Présidium : De gauche à droite, Dr Karim Nébié, Mr Lucien Savadogo, Mr Hamadou Lingani

Ce sont au total, 16 agents, dont 6 de la province du Kadiogo et 10 de la province du Ziro qui sont venus à l’école de la gestion intégrée de la cochenille farineuse du papayer. L’objectif, selon les formateurs, est de former ces acteurs de terrain sur l’itinéraire technique de production, la gestion intégrée de la cochenille farineuse ainsi que la reconnaissance de certaines maladies du papayer et de leur gestion.

Photo de groupe à l’issue de la cérémonie d’ouverture !

Quelle est l’importance de la papaye ?

Le papayer, de la famille des Caricacées, est une plante tropicale arborescente originaire d’Amérique centrale et du Sud. Aussi bien dans l’alimentation que dans la médecine, la papaye joue un rôle important. La consommation de ses fruits facilite la digestion et constitue une importante source de vitamine (A, B et C). La papaye est beaucoup consommée comme dessert au cours des repas mais aussi en jus, confiture et purée après transformation.
Sur le plan médicinal, le fruit immature de la papaye intervient dans le traitement des troubles gastro-intestinaux et diverses affections cutanées. Les graines sont des vermifuges. Les feuilles en infusion traitent le paludisme, chauffées et appliquées sur les zones articulaires atténuent les douleurs. Les racines sont de véritables vermifuges et interviennent dans le traitement de la dysenterie, le panaris et le rhumatisme. Son latex a une propriété hémostatique, coagulante et cicatrisante.

La filière se démarque des autres productions fruitières avec plus de 1000 ha de superficie exploitée en moyenne chaque année autour des périmètres irrigués. C’est aussi près de 33 000 tonnes de production par an, selon les chiffres de la direction des filières de la Direction Générale des Productions Végétales.  C’est dire donc que bien exploitée, la papaye est une source de revenus importante pour les producteurs et par ricochet, pour l’État.

Un ravageur qui entrave le bon épanouissement de la filière !

En dépit de tous ces chiffres, force est de reconnaître que malheureusement, la filière papaye se trouve confrontée à de nombreuses contraintes parmi lesquelles, la cochenille farineuse du papayer (Paracoccus marginatus), un nuisible émergent. « D’origine Mexicaine, ce ravageur a été introduit dans les autres pays à partir des échanges de matériels végétaux infestés », selon le Dr Karim Nébié. En Afrique de l’Ouest, la cochenille farineuse a été signalée en 2009 au Ghana. Au Burkina Faso, elle a été observée en 2013, sur la Station de Recherche de Farako-Bâ, toujours aux dires du Dr Karim Nébié.

C’est un insecte en forme de coques, piqueur-suceur de sève qui infestent les feuilles, les fruits ainsi que les troncs. Ses dégâts se traduisent par un dépérissement des organes atteints à cause de l’action mécanique du rostre et au prélèvement de sève. Sa présence sur les fruits du papayer entraîne l’apparition et le développement de la fumagine sur du miellat qu’il sécrète. Il entraine une réduction de la valeur marchande des papayes.

Photo de feuilles de papayer infestées !

Dans les provinces du Kadiogo et du Ziro, les pertes de production du papayer engendrées par ce ravageur varient de 23 à 84%, selon une enquête conjointe menée par l’INERA et la DPVC en 2021.  La valeur économique de ces pertes avoisine en moyenne 1 020 000 FCFA/ha. L’ampleur des dégâts est souvent liée aux mauvaises pratiques de gestion du ravageur souvent avec l’apparition des phénomènes liés à l’usage abusif des pesticides de synthèse tout venant, à la mauvaise association culturale et au non-respect des itinéraires techniques de production.  Les producteurs de ces localités se trouvent désarmés face au manque de moyens de lutte durable contre ce redoutable ravageur du papayer. Cela entraîne une réduction considérable des superficies des papayers au profit des agrumes.

Pieds de papayer Infesté et Sain

Une contrainte à prendre à bras le corps !

Pour redorer le blason de la production de papayer, il convient de prendre le problème au sérieux afin de trouver des solutions à même de donner un tant soit peu, à la filière son lustre d’antan. C’est fort de cela, que les chercheurs de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) ainsi que les agents de la Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement (DPVC) ont jugé nécessaire de renforcer les capacités des agents d’encadrement sur le terrain à la gestion intégrée de la cochenille farineuse du papayer. Deux jours durant, les apprenants du jour pourront entre théorie, en salle et pratique sur le terrain se familiariser aux outils de gestion intégrée de la cochenille farineuse du papayer. Ils se chargeront de former à leur tour, les producteurs de papaye de leurs localités respectives.

Notons que la session de formation a été possible grâce au projet Laboratoire d’innovation des menaces présentes et émergentes des cultures de Feed the Future-USAID- en collaboration avec l’Université de Pennsylvania State des USA.