Plateformes d’Innovations : Les techniques de recherche de financement et de gestion décortiquées

Les acteurs du Programme Technologies et Innovations Agricoles pour l’Accroissement de la Résilience des Systèmes de Production et des Exploitations Familiales en Afrique de l’Ouest et du Centre (TARSPro) se sont rencontrés du 11 au 13 mai 2023 à Bobo-Dioulasso. L’objectif était de former les membres venant des COGES des différentes plateformes d’innovation. Elle était subdivisée en deux sessions, notamment sur le coaching pour l’apprentissage à l’élaboration des Plans d’affaires et en recherche de financement ainsi que sur la Gouvernance et Négoce dans les Pis.

Placée sous la présidence du point focale du programme TARSPro, le Dr Vianney Tarpaga, les deux sessions ont regroupés, respectivement une vingtaine et une trentaine de personnes, membres des COGES des PIs. Elles visaient pour la première, à renforcer leurs connaissances en élaboration de Plans d’affaires et en recherche de financement en vue de leur permettre de monter des projets banquables et pour la deuxième, à renforcer leurs connaissances sur la bonne gouvernance et les techniques de négociation.

On le sait, les entreprises fonctionnent avec de l’argent et une gestion des finances de qualité permet aux entrepreneurs de prendre des décisions judicieuses et prudentes concernant les flux de trésorerie et les stratégies de financement à plus long terme. Pour mener à bien les activités de ces plateformes d’innovations, il est indispensable que les membres des COGES soient nantis de connaissance sur la recherche de financement. C’est pourquoi, cette première session devrait permettre aux participants de se familiariser avec le modèle d’élaboration d’un plan d’affaires, le calcul des coûts, recettes et indicateurs d’intérêt, le mode de narration et comprendre comment faire la recherche des financements.

Parallèlement, il est important de souligner qu’une entreprise, même si elle a le financement conséquent, si elle n’est pas gouvernée comme il se doit, est vouée à l’échec. Pour l’expert formateur, Mr Adama Ouédraogo, « Gouverner c’est conduire, diriger, guider, influencer, mener ». En effet, la gouvernance exprime la manière de conduire les affaires d’une entité. La mise en place d’une gouvernance digne de ce nom implique une définition précise du processus de décision et des parties prenantes impliquées pour la question du pilotage.

La gouvernance est un système par lequel l’entreprise est dirigée et contrôlée afin de gérer et protéger les intérêts de toutes les parties prenantes. L’enjeu étant d’améliorer la performance au sens de chacune des parties prenantes sans pour autant déroger aux règles juridiques et aux statuts établis par l’entreprise.

C’est en ce sens que l’expert soulignera que pour bien gouverner la PI, le responsable doit d’abord se donner un objectif pour son mandat, avoir un système pour chaque segment, notamment la production, le marketing, la vente de produits), etc. Sans la gouvernance, la plateforme d’innovation navigue à vue et la banqueroute est assurée. « Les partenaires, les employés ne pourront pas produire de manière complémentaire pour livrer une valeur ajoutée sur le marché », rétorque-t-il.

Organisateurs et formateurs ont situé l’importance de ces sessions de formation

De l’intérêt de l’organisation de ces sessions …

Dans le cadre de la mise en œuvre des activités du programme TARSPro, 6 plateformes d’innovations multi acteurs ont été mises en place. Elles sont, selon les organisateurs, la cheville ouvrière du déploiement des technologies et autres activités connexes dans les différentes chaines de valeurs ciblées que sont la mangue, la patate douce à chaire orange, le manioc, le bétail-viande et le lait. Pour que ces plateformes soient dynamiques, il était important de renforcer les capacités des membres, d’où l’organisation de ces sessions, en lien avec la planification commune faite par les acteurs en 2022 et inscrits dans le PTBA 2023.

Pour le responsable du suivi-évaluation, Mr Boureima Tassembedo, il est attendu des participants, qu’au sortir de ces deux sessions, ils puissent initier des projets fédérateurs et banquables mais aussi instaurer une confiance entre les membres à travers une gestion efficiente. Le constat sur le terrain est que les Pis ne sont pas souvent fonctionnels. Rares sont celles qui respectent le règlement intérieur des contrats d’équipe. « S’ils ont un projet fédérateur qui les lient, cela va les amener à travailler ensemble afin de pérenniser leurs PIs et répondre aux attentes des différents acteurs », a souligné Mr Tassembedo.

De l’avis des bénéficiaires, elles leur permettront de mieux gérer leurs plateformes en vue d’atteindre leurs objectifs. Pour Mr Gérard Sanou, président de la Plateforme d’Innovation manioc des Hauts-Bassins, en tant que professionnels ils sont appelés à aller au contact des institutions financières. Malheureusement, ils ont souvent du mal à convaincre ces derniers afin d’avoir un financement. « Désormais nous seront en mesure de proposer de très bons plans d’affaire que les institutions financières pourront utiliser pour financer nos activités », a indiqué Mr Sanou. Quant à Mlle Yvette Yerbanga, facilitateur de la plateforme d’innovation lait de Manga, cette formation leur permettra de mieux gouverner les PIs. « Avant nous n’étions pas organisés, ce qui jouait sur notre performance. Désormais nous serons en mesure de déterminer le rôle de chacun afin que tout puisse se passer bien », a-t-elle dit. « Beaucoup de choses nous échappaient dans la négociation et la gouvernance de la plateforme », soulignera à son tour Mr Youssouf Konaté, président de la Plateforme d’innovation lait de Léo.

C’est dire donc que cette session permettra assurément d’opérationnaliser ces plateformes d’innovation mises en place dans le cadre des activités du projet TARSPro.

Les participants ont véritablement apprécié l’initiative !

En rappel, le projet TARSPro, lancé au Burkina Faso en avril 2021 est exécuté dans quatre (04) autres pays, notamment le Bénin, le Mali, le Niger et le Tchad. Financé par la Coopération Suisse sur une période de 4 ans, il est né de la volonté du Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) et de la Direction du Développement et de la Coopération Suisse à soutenir la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations en forte croissance. Le projet prévoit un meilleur déploiement des technologies et innovations (T&I) avant-gardistes.

Flavie