Lutte contre les mouches des fruits : les acteurs à l’école de la production de bio-pesticides
Ouverture ce lundi 27 mars 2023, à Orodara, d’un atelier de formation de manière participative à la production des formulations hydroalcooliques. Placée sous la présidence de Mme Haoua Yaro, Directrice Provinciale de l’Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques du Kénédougou, cette session concerne les techniciens de l’agriculture et les producteurs de mangues.

Former les formateurs que sont les techniciens et de l’agriculture (DVRD) et producteurs (APROMAB, UNPMB), dans la production des formulations hydroalcooliques, c’est l’objectif visé par les organisateurs de cet atelier de formation. Il entre dans le cadre des activités du projet AAP7- 0130 dénommé « Diffusion de formulations hydro-alcooliques de substances végétales contre les mouches des fruits du manguier au Burkina Faso ».
Ainsi, du trois jours durant, la vingtaine de participants, venus à l’école du savoir en matière de lutte contre les mouches des fruits, seront outillés à travers plusieurs modules. Ce sera l’occasion pour eux de mieux faire connaissance et reconnaître les mouches des fruits, leur cycle de vie, leurs dégâts ainsi que les méthodes de luttes existantes contre ces ravageurs. Et pour venir efficacement à bout de ce fléau, il sera question pour eux, d’apprendre à préparer les formulations hydroalcooliques de Capsicum annuum et Strophantus hispidus contre les mouches de fruits. Le terrain déterminant la manœuvre, ces derniers pourront, pendant la session pratique, appliquer ces formulations dans les vergers.

Retour sur la filière mangue au Burkina Faso
Selon les données de l’Association Interprofessionnelle Mangue du Burkina (APROMAB) en 2018, la production de mangue générait environ 15 milliards de franc CFA par an au Burkina Faso pour une production estimée à 197.000 tonnes. La chaine de valeur mangue au Burkina Faso est pourvoyeuse d’emplois. Elle constitue un enjeu économique, social et climatique très important. En outre, elle contribue à la sécurité alimentaire et sert de couverture végétale limitant les effets du changement climatiques dans les zones productrices. Les activités entrant dans le cadre de la filière mangue occupent environ 28.000 personnes, leur procurant un revenu substantiel.
Cependant, force est de reconnaître que depuis quelques années, la filière est confrontée à de nombreuses difficultés au nombre desquelles, il y a les attaques des mouches de fruits. Ce fléau entraine une baisse de la production de l’ordre de 15%. Les principales mouches responsables de ces dommages sont celles de la famille de Ceratitis, de Bactrocera et de Dacus. Elles peuvent occasionner des pertes allant jusqu’à 85% de la production, si aucun contrôle phytosanitaire approprié n’est mis en place (Cisse, 2019). Parallèlement, elles sont la cause d’énormes interceptions sur le marché Européen, hypothéquant ainsi les opportunités d’exportation et impactant négativement sur l’économie nationale. « Rien qu’en 2022, le pays a enregistré 22 interceptions », dira la coordonnatrice du projet, le Dr Rabieta Semdé,avant de conclure que malheureusement, le coût de la destruction de ces cargaisons incombe au pays.

Pour lutter contre ce fléau, plusieurs méthodes de lutte ont été mises en place, allant de la lutte prophylactique à l’utilisation d’appâts protéiques chimique, en passant par la lutte biologique, la technique de l’insecte stérile, le piégeage de masse, etc. (Bokonon-Ganta et al., 2007). Malheureusement, la plupart d’entre elles connaissent des limites telles que l’utilisation abusive des substances chimiques qui entraine la résistance des mouches de fruits, les intoxications alimentaires ainsi que la pollution de l’environnement, dues aux résidus de pesticides. En outre, les coûts élevés de certains produits sont de nature à décourager les producteurs, d’où l’urgence de trouver d’autres alternatives afin de venir à bout de ces mouches des fruits.
C’est dans cette optique que la recherche a développé des initiatives sur l’utilisation d’extraits de substances végétales. Ces extraits considérés comme une solution, sont disponibles, biodégradables et capables de préserver l’environnement et la santé humaine. Ils sont plus efficace, plus respectueux de l’environnement et répondent aux exigences du marché. Mais, ces extraits ne saurait soulager les producteurs de mangues, que s’ils sont vulgarisée à grande échelle. La présente formation entrant dans ce cadre des activités du projet « Diffusion de formulations hydro-alcooliques de substances végétales contre les mouches des fruits du manguier au Burkina Faso », financé par le Fonds National de la Recherche et de l’Innovation pour le Développement (FONRID) et coordonné par l’Institut de l’Environnement et de Recherche Agricoles (INERA), poursuit cet objectif.
Le projet a pour partenaires, le Ministère de l’Agriculture à travers la Direction de la Vulgarisation, Recherche Diffusion (DVRD), l’Association Interprofessionnelle Mangue du Burkina (APROMAB) et l’Union Nationale des Sociétés Coopératives des Producteurs de Mangue du Burkina (UNPMB).

Flavie