Les formulations d’appâts à base de déchets de levure et d’extraits de plantes ont montré leur preuve dans les provinces du Kénédougou et de la Comoé. Les producteurs de ces localités sont venus toucher du doigt les merveilles de ces appâts, les 1er et 2 juillet 2022. C’était à l’occasion d’une série de visites commentées, respectivement à Bandougou, Orodara, Mondon et Moussodougou.

L’objectif de ces activités était de montrer les résultats des essais mis en place sur l’efficacité des formulations d’appâts à base des déchets de levure et d’extraits de plantes, aux acteurs de la filière mangue, notamment les producteurs des localités concernées. Ce sont Soixante-quinze (75) producteurs qui ont participé à ces visites commentées, aux côtés des acteurs du Centre Écologique Albert Schweitzer (CEAS Suisse) et du projet Système Régional Innovant de lutte contre la Mouche des Fruits en Afrique de l’Ouest (SyRIMAO) ainsi que des chercheurs de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA).

Deux grandes activités ont émaillés ces visites commentées
La première, mise en place dans le cadre du projet SyRIMAO, avait pour objectif d’inciter les producteurs à adopter les bonnes méthodes de lutte intégrée contre la mouche des fruits afin de contribuer à améliorer la productivité des vergers de manguiers.
La deuxième, elle, entrait dans le cadre du partenariat entre l’INERA et le Centre Ecologique Albert Schweitzer (CEAS Suisse). Elle a porté sur la recherche d’alternatives de lutte contre les mouches de fruits par la mise au point de solutions innovantes plus accessibles aux petits producteurs de mangues. Cette innovation se fait en collaboration avec la Brasserie du Burkina (BRAKINA).
« Cette recherche vise à trouver une alternative de lutte contre les mouches des fruits à travers la valorisation de nos ressources locales, notamment l’utilisation des déchets de brasserie et les extraits de plantes », a dit le Dr Karim Nébié, coordonnateur du projet. C’est donc une initiative qui permettra de garantir l’accessibilité des petits producteurs aux biopesticides pour lutter contre les mouches de fruits qui occasionnent des pertes énormes sur la production de mangues.


Ces activités ont été conduites par une équipe pluridisciplinaire de l’INERA. Ces deux jours ont été l’occasion pour l’équipe, de présenter les résultats préliminaires des travaux de recherche conduits dans ces vergers. Pour le Dr Issaka Zida, membre de l’équipe, pour mieux lutter contre les mouches des fruits inféodées à la mangue, il faut épouser la lutte intégrée. A l’entendre, il faut soit nettoyer le verger et enfuir les mangues pourries pour éviter que les larves éclosent, soit utiliser des méthodes de piégeage pour capturer les adultes qui volent.
Les participants ont également pu faire un tour dans les vergers, afin de voir de visu les résultats de ces expérimentations. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce qu’il leur a été donné de voir, est la preuve que ces technologies sont efficaces. Déjà, les vergers ayant fait l’objet de ces tests se démarquaient du lot. « A chaque fois que je passais devant le verger de M. Djakaridja Hébié, je me demandais pourquoi il a toujours des mangues alors que toutes nos mangues sont tombées !», a dit un des producteurs présents. Une question à laquelle il a trouvé réponse puisque le verger en question avait servi pour les essais. Les technologies utilisées dans ce verger étaient les produits de lutte M3 et Invader utilisés seuls ou en combinaison. Cependant, l’accessibilité physique et financière de ces produits sur le marché demeure une forte contrainte ; d’où la nécessité de chercher des solutions locales.
Pour le propriétaire du verger de Moussodougou, M. Traoré, c’est vraiment extraordinaire. « L’année dernière à cette période, je n’avais plus de mangues dans mon verger », s’est-il exclamé. Chez lui, la technologie utilisée était l’application des déchets de levure associée aux extraits de plantes. « C’est une utilisation de produit biologique à base d’essences naturelles et ce sont des solutions qui sont de plus en plus recherchées pour préserver la santé des populations qui vont utiliser ces fruits », a souligné le Dr Timbilfou Kiendrebéogo, représentant le coordonnateur du Centre National de Spécialisation en Fruits et Légumes (CNS-FL).

Quant au Coordonnateur-Représentant du CEAS-Suisse, M. Modeste Bationo, c’est un sentiment de satisfaction qui se dégage au vu des résultats présentés. Selon lui, il est temps qu’on apprenne à se saisir des opportunités pour rechercher des solutions par nous-même pour faire face à nos problèmes. C’est pourquoi il a félicité l’équipe de recherche pour les résultats obtenus et invité les producteurs à s’impliquer dans le processus de développement de solutions initiées par l’INERA.
De la nécessité de protéger la filière mangue…
La mangue couvre environ la moitié de la production nationale de fruits en volume, au Burkina Faso. Elle génère plus de 15 milliards de chiffres d’affaires par an. Le nombre d’emplois directs et indirects générés par les activités au sein de la filière s’élève à environ 28.000. Selon le Ministère en charge de l’Agriculture, plus de 90% des emplois au niveau des maillons de la transformation et de la commercialisation sont occupés par des femmes. C’est dire donc que la filière mangue constitue un enjeu économique et social très important pour notre pays.
Cependant, même si elle contribue à la sécurité alimentaire dans les zones productrices et à la couverture végétale limitant les effets de changements climatiques, force est de reconnaître que la filière est confrontée ces dernières années à d’énormes difficultés. Au nombre de ces difficultés, figure en place de choix, la problématique de la mouche des fruits. On dénombre plus d’une trentaine d’espèces de mouches des fruits au Burkina Faso, aussi dévastatrices les unes que les autres sur une diversité de plantes. Celles inféodées à la mangue sont Bactrocera dorsalis, Ceratitis cosyra et Ceratitis silvestrii. Ces mouches occasionnent des pertes de production pouvant atteindre plus de 80% dans les vergers de manguiers. Même si parfois les mangues sont récoltées plus tôt, force est de reconnaître que souvent, les mouches ont déjà fait des dégâts. Elles sont la cause de nombreuses interceptions de cargaisons sur le marché Européen. Cela hypothèque les opportunités d’exportations et impacte négativement sur l’économie nationale.
Il est donc urgent de trouver des voies et moyens pour réduire les infestations de ces mouches de fruits afin protéger les vergers de manguiers. C’est pourquoi, l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture des Ressources Animales et Halieutiques (MARAH) à travers la Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement (DPVC), l’Association de l’Interprofession Mangue du Burkina (APROMAB), et la BRAKINA se sont ralliés pour soulager les producteurs.
Cela a été possible grâce au partenariat financier du Centre Écologique Albert Schweitzer (CEAS) et du projet Système Régional Innovant de lutte contre la Mouche des Fruits en Afrique de l’Ouest SyRIMAO exécuté dans les 15 pays membres de la CEDEAO.















