Justice populaire en RDC : Des femmes brulées vives pour sorcellerie

Au Sud Kivu, en République démocratique du Congo, un problème fait rage, des femmes accusées de sorcellerie sont brulées vives. Des chasses aux sorcières à l’image de celles du XVe au XVIIe siècle en Europe, mais au 21e siècle.

Aspergée d’essence puis brûlée vive, la vieille Nyabadeux a connu une fin atroce après avoir été accusée de sorcellerie, comme des dizaines de femmes ces derniers mois dans des villages du Sud-Kivu, province de l’est de la République démocratique du Congo. Rien que depuis début septembre, les autorités locales ont dénombré huit personnes mortes brûlées ou lynchées dans trois territoires (Kalehe, Walungu et Fizi) par une justice populaire aussi horrible qu’expéditive, souvent déclenchée sur l’injonction obscurantiste de voyantes et autres prêcheurs en mal de fidèles.

« Nous avons enregistré 324 accusations de sorcellerie sur la période allant de juin à septembre« , déclare Nelly Adidja, de l’Association des femmes des médias (AFEM) du Sud-Kivu. Le territoire de Kalehe compte à lui seul 114 cas, dont cinq femmes brûlées vives et quatre autres emmenées on ne sait où par des milices d’autodéfense.

« Il y a une résurgence du phénomène parce que l’Etat a failli à ses missions régaliennes, la police et la justice ne font pas leur travail« , estime le Pr Bosco Muchukiwa, sociologue et directeur général de l’Institut supérieur de développement rural (ISDR) de Bukavu.

Le problème, selon lui, est accentué par les « Bajakazi », des voyantes et pseudo-prêcheuses présentes dans presque tous les villages. Il y a aussi quelques hommes, mais ce sont en majorité des femmes. Elles prétendent détecter les sorciers et sorcières. « C’est faux, elles n’ont aucun pouvoir, mais elles jouent sur la naïveté des gens qu’elles manipulent, pour avoir plus d’adeptes, se donner une certaine valeur, plus de poids dans le village« .

Voir la Source