Filière fruits et légumes : Les aubergines au centre d’une attention particulière à Douna

Les chercheurs de Centre National de Spécialisation en Fruits et Légumes (CNS-FL), ont organisé une visite commentée à l’attention des producteurs de Douna C’était le vendredi 14 avril 2023, sur la plaine de la Léraba.

Une vue des producteurs à l’assaut des symptômes de maladies/ravageurs

Entrant dans le cadre du projet d’Aménagement et de Valorisation de la Plaine de la Leraba (PAVAL), l’activité avait pour objectif de de communiquer sur la production de l’aubergine africaine comme légumes feuilles et fruits. Elle a regroupé une soixantaine de producteurs venus se familiariser sur la diversité de cultivars d’aubergines africaine adaptées aux différents besoins (fruits et feuilles) mais aussi sur les symptômes des maladies et des ravageurs associés à cette spéculation ainsi que les méthodes de lutte.

L’aubergine appartient à la famille botanique de la tomate et du poivron. Dans certains pays comme l’Inde, elle est parfois utilisée pour traiter certaines maladies comme le diabète, l’asthme, le choléra et la bronchite. En termes de consommation, aussi bien les fruits que les feuilles sont comestibles.

Selon le Dr Kaboré Boukary, il y existe 4 variétés d’aubergines au Burkina Faso : Les variétés locales et les variétés importées ou exotiques. La présente visite a concerné la variété Solanum macrocarpon, communément appelé « Grande Morelle » ou « Gboma » en langue local. Deux morphotypes de cette variété ont été mis en test, notamment le BD4 et le RT6. Ce sont des légumes feuilles et fruits, produits surtout pour leurs feuilles.

Selon le Dr Boukaré Kaboré, on distingue 4 variétés d’aubergines au Burkina Faso

Les contraintes liées à la production des aubergines…

Les aubergines ont les mêmes exigences culturales et font face au mêmes ravageurs et maladies que la tomate et le poivron.

En terme de maladie, les plus importantes auxquelles font face les aubergines sont le flétrissement bactérien, l’oïdium et l’Anthracnose, selon les propos du Dr Oumarou Dianda, phytopathologiste au sein de l’INERA. Le Flétrissement bactérien se caractérise par des brûlures foliaires et primordia de racines sur les tiges, dû au blocage de la circulation de la sève à cause de l’obturation des vaisseaux conducteurs. L’oïdium quant à lui, se caractérise par des feuilles recouvertes d’un feutrage blanchâtre constitué par des filaments. L’Anthracnose, elle, se reconnait par des tâches grises très déprimées et bien délimitées sur les feuilles et les fruits.

Pour ce qui est des ravageurs, on peut citer entre autres, les mouches blanches qui déposent plusieurs centaines de larves sous la feuille d’aubergine, les nématodes avec la formation de galles sur les racines et les araignées rouges qui se caractérisent par la formation de toiles et le jaunissement des feuilles.

Toutes ces contraintes sont de nature à décourager les maraîchers qui, généralement, abandonnent la culture ou se versent dans l’utilisation abusive de pesticides.

Pour le Dr Issiaka Zida, entomologiste à l’INERA, au département CNS-FL, les mesures préventives sont indispensables. « L’utilisation de pesticide chimique doit être le dernier recours », a-t-il insisté, avant de souligner l’importance de demander l’avis des techniciens d’agriculture, qui eux, sont plus habilité à conseiller sur ces produits, avant toute décision de traitement.

Les producteurs désormais, mieux aguerris

L’organisation de cette visite commentée était une nécessité en ce sens qu’elle a permis aux producteurs maraîchers de la plaine de Douna de mieux s’imprégner de la diversité variétale des aubergines, les bonnes pratiques de productions des aubergines africaines ainsi que la gestion intégrée des maladies et ravageurs associés à la production de l’aubergine africaine. « C’est une bonne occasion pour nous de comprendre beaucoup de choses sur notre travail. Nous avons appris à connaître les ennemis de nos cultures maraîchères, notamment de l’aubergine », a laissé entendre le producteur Mr Omar Son. Pour Hebié Djakalidja, c’est une aubaine pour la filière dans cette localité. « Nous avions l’habitude de traiter nos champs avec certains pesticides. Aujourd’hui nous avons compris que ces produits ne sont pas forcément homologués », a laissé comprendre ce dernier.

En effet, selon les défenseurs de cultures de l’équipe pluridisciplinaire, l’utilisation abusive des pesticides cause souvent des conséquences désastreuses pour l’homme, à court, moyen ou long terme. D’où l’insistance sur leur recours en dernier ressort.

En rappel, l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), a été identifié pour conduire des essais agronomiques sur la plaine aménagée de la Léraba dans le cadre des activités du projet PAVAL.  Il s’agit de mettre en place un programme de recherche/développement pour la diffusion des innovations technologiques adaptées au contexte agro-climatique et socio-économique de la zone d’intervention du projet et de la région des cascades, pour une meilleure prise en compte des résultats de la recherche, en particulier les techniques résilientes au changement climatique. Les filières concernées sont le riz et les cultures maraichères.

Flavie