Élevage pastoral au Burkina Faso : Une journée de réflexion pour sa bonne marche

Les acteurs du secteur de l’élevage pastoral se sont retrouvés pour réfléchir sur les opportunités d’investissement inclusif, en vue de libérer le pouvoir du secteur de l’élevage pastoral. C’était le 31 mars 2023, à Ouagadougou, sous la présidence du Ministre de l’Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques, représenté par le Ministre Délégué, chargé des Ressources Animales, le Dr Amadou Dicko.

Partager avec les acteurs du Burkina Faso les résultats des travaux de Nairobi, c’était l’objectif visé par Global Food Systems Institute de l’Université de Floride, USA, dans l’organisation de la journée de réflexion sur « les opportunités d’investissement inclusif pour libérer le pouvoir du secteur de l’élevage pastoral au Burkina Faso ». Une quarantaine de participants composés d’acteurs intervenant dans le domaine de l’élevage ont pris part à cette rencontre. Selon le Ministre délégué chargé des Ressources Animales, il y a plusieurs défis à relever dans le cadre de l’élevage pastoral. « Nous attendons les résultats de cette journée de réflexion pour les mettre en œuvre au niveau du Ministère de l’Agriculture et des Ressources Animales », a-t-il souligné.

Du contexte de l’organisation de la rencontre

L’élevage joue un rôle essentiel dans l’espace Ouest Africain et au Sahel. Sa contribution moyenne annuelle au PIB agricole est de l’ordre de 44%. Il y contribue pour 5 à 10% des exportations, notamment dans les trois pays enclavés du Sahel que sont le Burkina, le Mali et le Niger. La contribution monétaire de l’élevage dans la diversification et l’amélioration de l’accessibilité aux aliments et de la nutrition des populations n’est plus à démontrer. Avec les aliments d’origine animale (lait, viande, œufs…) de haute valeur nutritive, l’élevage participe pour une part essentielle dans l’équilibre alimentaire de la population.

Parallèlement, l’élevage pastoral au Sahel reste le système dominant avec ses multiples avantages et atouts. La production animale et d’origine animale (lait et viande) dans ce système est conduite suivant une complémentarité entre les bassins de production et de consommation de l’Afrique de l’Ouest. Ce système valorise les espaces arides et semi-arides des pays de l’Afrique de l’Ouest à travers l’exploitation des pâturages et des points d’eau. De plus, il contribue à l’intégration régionale et à l’économie nationale et sous régionale.

Malheureusement, partout dans le monde entier, le niveau de développement des zones pastorales reste très faible, loin derrière celui des autres zones agro-écologiques. Cela crée ainsi une situation de pauvreté et de vulnérabilité qui nuisent à la viabilité du système pastoral. Les éleveurs pasteurs, du fait du faible niveau et/ou du mauvais choix des investissements, de la gestion des ressources naturelles et du développement de l’économie pastorale, se retrouvent confrontés à des contraintes qui limitent l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Forte réduction et dégradation des ressources naturelles pastorales, conflits récurrents agriculteurs-éleveurs, privation des services de base nécessaires pour le développement, etc., sont entre autres, les conséquences de cette situation.
D’autre part, cela empêche la réelle valorisation économique de la ressource constituée par les millions de têtes de bétail, engendrant d’énormes manques à gagner pour les économies locales et nationales de la sous-région ouest africaine.

De la nécessité de changer la donne !

Il suffit de faire un tour d’horizon sur les différentes contraintes liées à l’élevage pastorale pour comprendre la nécessité pour les États Sahéliens et de l’Afrique de l’Ouest d’agir. Pour cela, il faut œuvrer à une transformation progressive du pastoralisme et des systèmes d’élevage mobiles par une réelle intégration des éleveurs pasteurs au marché des biens et services à travers des mesures politiques justes, des stratégies adaptées et, surtout des investissements durables au profit des chaines de valeurs pastorales. « C’est ainsi que nos États pourront saisir les opportunités économiques de création de richesses et d’emplois pour leurs populations, notamment les jeunes et les femmes qui sont très actifs dans le secteur », a soutenu le Dr Nouhoun Zampaligré, Directeur Général de l’École Nationale d’Élevage et de Santé Animale.

Dans cette optique, Global Food Systems Institute de l’Université de Floride a mis en œuvre le projet Market Analysis for pastoralist, en français, analyse des marchés pour les éleveurs pasteurs (MAP) au Burkina Faso, en Éthiopie et au Nigeria. Une rencontre a de réflexion panafricaine avait été organisé du 29 Janvier au 03 Février 2023 à Nairobi, au Kenya sur les opportunités d’investissement inclusif pour libérer le pouvoir du secteur de l’élevage pastoral. Elle avait réuni plus d’une centaine de participants du Kenya, du Niger, du Nigeria, des USA, du Kenya, de l’Éthiopie, de la Namibie et du Burkina Faso. Cependant, certains acteurs du Burkina, incontournables du secteur, pour des raisons de calendrier, n’ont pas pu participer à cette rencontre, d’où l’organisation de la présente pour partager les résultats des travaux de celle tenue à Nairobi. Une occasion pour les participants de mener des réflexions sur les opportunités d’investissement inclusif pour le pastoralisme au Burkina Faso dans le contexte de crise sécuritaire, et faire des recommandations pour plus d’investissement en faveur du pastoralisme au Burkina Faso et au Sahel.

Le projet Market Analysis for Pastoralist est mis est en œuvre par l’université de Floride avec des partenaires du Burkina, comme l’institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), l’École Nationale d’élevage et de Santé Animale (ENESA), le Ministère de l’Agriculture, de Ressources Animales et Halieutique. L’idée de base est de faire l’état des lieux des investissements sur le pastoralisme pendant les 30 dernières années en vue de tirer des leçons pour les investissements futurs au Burkina Faso, au Nigeria et en Éthiopie.

Flavie